#120 · Les externalités environnementales négatives du Bitcoin
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Chère membre Plus, cher membre Plus,
Maintenant que le gros de mes problèmes informatiques sont derrière moi, je suis content de pouvoir (enfin !) reprendre la publication du Fil. Aujourd’hui, il va être question des externalités environnementales négatives du Bitcoin. Si besoin, vous pouvez retrouver une définition des externalités négatives dans cet article :

Le Bitcoin est la cryptomonnaie la plus utilisée. La production de cryptomonnaies nécessite une importante consommation d’électricité. À cause de cette consommation d’électricité, le Bitcoin est considéré par certains comme un problème environnemental. Mais qu’en dit la recherche scientifique ?
La science économique a des outils pour mesurer les externalités environnementales négatives d’un bien ou d’un service : combien la production d’une unité du bien ou du service coûte-t-elle en dommages à l’environnement ? Le dommage est généralement quantifiable de manière monétaire : on exprime l’externalité négative en euros, en dollars, ou en n’importe quelle autre monnaie.
Le mécanisme par lequel le Bitcoin génère des externalités environnementales négatives est le suivant : le minage, à savoir le processus par lequel on produit une nouvelle unité de Bitcoin, nécessite d’importants calculs informatiques. L’externalité environnementale négative vient de la production d’électricité nécessaire pour alimenter les ordinateurs qui font ces calculs. Si l’électricité utilisée pour le minage est produite à partir d’énergies fossiles comme le charbon ou le pétrole, miner du Bitcoin provoquera immanquablement des externalités climatiques négatives. À ces externalités climatiques négatives, il faut également ajouter d’autres externalités négatives, comme les externalités négatives que provoque sur la santé humaine l’usage du charbon et du pétrole. Le charbon tue incomparablement plus que l’énergie nucléaire.
Les externalités environnementales négatives peuvent valoir le coup si le bien ou le service qui en est à l’origine génère d’importants gains sociaux. Une erreur courante est d’ailleurs de regarder uniquement les coûts, ou uniquement les gains, sans regarder l’autre partie de l’équation. J’ai bien compris que certains prêtent au Bitcoin de nombreux avantages. Pour autant, il me semble que nombre de ces avantages tardent à se matérialiser. Mais par prudence, je préfère ne rien dire de plus sur le rapport entre les coûts et les bénéfices du Bitcoin. Ayez simplement en tête que je n’aborde dans cet article qu’une partie des coûts.
Comme souvent, la vraie question n’est pas tellement la question de l’existence de l’effet (y a-t-il des externalités négatives ?), que la question de son intensité (combien y a-t-il d’externalités négatives ?). Admettons qu’il y ait des externalités négatives. Selon qu’elles seront minimes, ou très importantes, l’intérêt de continuer à miner ou non du Bitcoin sera complètement différent.
Dans un récent article de recherche, trois économistes ont mesuré une partie des externalités environnementales négatives du Bitcoin. Les résultats de l’article sont très défavorables pour le Bitcoin.