#129 - Les morts invisibles de l’accident nucléaire de Fukushima-Daiichi

Et aussi : les sanctions contre la Russie fonctionnent, l’effet ambigu des réseaux sociaux sur la santé mentale des adolescents, le bilan carbone calamiteux du Bitcoin et une bonne nouvelle énergétique en provenance de l’Inde

#129 - Les morts invisibles de l’accident nucléaire de Fukushima-Daiichi
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L’énergie nucléaire est une source décarbonée de production électrique. Elle pose toutefois trois problèmes : la prolifération, le stockage des déchets, et le risque d’accident. Lorsqu’un accident nucléaire survient, ses coûts sont considérables. L’accident de la centrale de Fukushima-Daiichi au Japon en 2011 a ainsi couté des centaines de milliards de dollars.

Pour autant, faut-il abandonner le nucléaire ? C’est une question compliquée. Mon rôle de vulgarisateur scientifique n’est pas d’y répondre. Mon rôle de vulgarisateur scientifique est de vous transmettre des informations fiables qui vous permettront de vous positionner — que ce soit pour, contre, ou que vous restiez sans avis. C’est l’objet du Fil d’aujourd’hui.

Les accidents nucléaires sont coûteux pour de nombreuses raisons. L’une d’elle est le bilan humain. Des travaux scientifiques estiment par exemple que l’accident de Fukushima-Daiichi tuera sans doute une (ou plusieurs) centaine(s) de personnes directement — c’est-à-dire à cause de l’exposition aux radiations.

Worldwide health effects of the Fukushima Daiichi nuclear accident
This study quantifies worldwide health effects of the Fukushima Daiichi nuclear accident on 11 March 2011. Effects are quantified with a 3-D global atmospheric model driven by emission estimates and evaluated against daily worldwide Comprehensive Nuclear-Test-Ban Treaty Organization (CTBTO) measurem…

Pour autant, les morts directement causées par l’accident ne sont pas les seules. D’autres personnes meurent lors des évacuations des zones irradiées, notamment les personnes âgées qui décèdent à cause du stress. On estime que plus d’un millier de personnes ont perdu la vie à cause de l’évacuation au Japon.

Dans le cas de Fukushima-Daiichi, une source moins intuitive de mortalité commence à être documentée dans la littérature scientifique : les victimes de la fermeture des centrales nucléaires japonaises qui n’ont pas connu d’accident.

À la suite de l’accident de Fukushima-Daiichi, le gouvernement japonais a décidé de fermer immédiatement toutes les centrales nucléaires du pays. Pour compenser cette fermeture, le Japon a importé d’importantes quantités de pétrole et de gaz. Selon les préfectures, cette substitution du nucléaire par des énergies fossiles a fait augmenter le prix de l’électricité jusqu’à 40%.

Or, cette augmentation des prix de l’électricité a causé des décès, en particulier lors des vagues de froid. Au point que le bilan humain de cette augmentation du prix de l’électricité a vraisemblablement été largement plus lourd que le bilan humain de la catastrophe en elle-même. Que s’est-il passé ?