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Ou comment mieux identifier quand vérifier, et quand ne pas vérifier, un argument dans un débat
Olivier Simard-Casanova
Nancy, Lorraine, France
Économiste, data scientist, conférencier et auteur indépendant
Intégrer le concept d’incitations dans la boîte à outils sceptique peut permettre aux sceptiques de mieux décider quand vérifier ou ne pas vérifier un argument dans un débat. Mais, concrètement, comment utiliser le concept d’incitation ? Cet article est un guide pratique qui répond à cette question.
Si vous pensez que les incitations sont un concept utile aux sceptiques et qu’il mériterait d'être davantage connu, n’hésitez pas à largement diffuser ce guide dans vos réseaux sceptiques ! Merci 🙂
Dans la mesure où cet article est un guide pratique plutôt qu’un article classique, il n’y a exceptionnellement pas de véritable section En bref. En réalité, ce guide pratique est une sorte de section En bref géante de la série d’articles sur les incitations !
Par ailleurs, contrairement aux articles habituels, il est possible que je fasse évoluer son contenu. N’hésitez pas à venir le relire de temps en temps.
Avant de montrer comment utiliser les incitations, je veux d’abord expliquer à quoi elles peuvent servir aux sceptiques.
D’après moi, le concept d’incitation permet de mieux identifier le degré de confiance à accorder à un argument, et ainsi mieux décider s’il faut le vérifier ou non. Dit autrement, le concept d’incitations permet de répondre à la question suivante : puis-je faire confiance à un argument qui vient d’être utilisé dans un débat, ou faut-il que je le vérifie ?
Pour avoir une argumentation détaillée de l’intérêt du concept pour les sceptiques, vous pouvez vous référer à cet article :
Une incitation est quelque chose qui nous encourage, dans une situation où nous avons à faire un choix, à choisir une certaine alternative plutôt qu’une autre.
Voici quelques exemples :
Ces exemples sont tirés de l’article ci-dessous. Pour avoir une exploration détaillée de ce que sont les incitations, vous pouvez vous y référer :
J’ai déjà longuement abordé ce que sont les incitations dans de précédents articles. Je vais me contenter de rappeler les principaux messages – et je vous renvoie vers ces articles si vous souhaitez approfondir :
Le concept d’incitation vient de la science économique, qui est une discipline puissante mais qui est souvent présentée de manière caricaturale dans les médias.
S’il y avait une chose à retenir sur ce que ne sont pas les incitations, c’est la suivante : les incitations ne permettent pas de dire si un argument est vrai ou faux. Il faut, pour vérifier la véracité d’un argument, utiliser les méthodes habituelles telles que le débunk, le recours à des spécialistes ou encore la documentation.
En plus de ne pas permettre de dire si un argument est vrai ou faux, il y a de nombreuses autres choses que ne sont pas les incitations. En voici une petite liste (non-exhaustive) :
Pour approfondir ce que ne sont pas les incitations, vous pouvez vous référer à cet article :
Maintenant que toutes ces précisions ont été faites, comment concrètement faire pour identifier les incitations des parties prenantes d’un débat – et ainsi décider s’il faut vérifier ou non leurs différents arguments ?
Il faut bien avoir en tête qu’il n’y a pas de méthode miracle – pas à ma connaissance en tout cas. Il faut donc exercer son jugement et son esprit critique.
Les incitations étant attachées aux individus, la question à se poser est du type “quelle est l’incitation de l’individu X à faire l’action Y” ?
De manière générale, il est possible d’identifier les incitations en se posant des questions comme :
Néanmoins, pour les sceptiques, ce qui importe ce sont les questions à se poser pour identifier les incitations des parties prenantes d’un débat. Les voici :
Selon la réponse que vous apporterez à la question posée, deux cas polaires se présentent :
Comme il s’agit de cas polaires, il est possible d’avoir toutes les nuances possibles entre les deux. Par exemple : “je pense que l’individu X a plutôt intérêt à utiliser l’argument Y, je vais vérifier l’argument Y” ou “je pense que l’individu X n’a pas vraiment intérêt à utiliser l’argument Y, je ne vais pas vérifier l’argument Y”. Et ainsi de suite.
Répondre à ces questions n’est pas la garantie de toujours identifier correctement les incitations. Mais se poser ces questions est déjà une étape importante.
On peut également s’exercer, par exemple en faisant de petites prédictions sur les arguments qui seront utilisés dans un débat à partir des incitations que l’on pense avoir identifié, et regarder si ces prédictions sont vérifiées ou non.
Pour finir, j’aimerais vous proposer une petite liste d’incitations courantes dans trois contextes : les médias, les réseaux sociaux et la communauté sceptique elle-même. L’idée de cette liste est de vous permettre de gagner du temps en vous évitant d’avoir à réinventer la roue. Cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive, seulement indicative, et ne se substitue pas à l’exercice de l’esprit critique !
Voici quelques incitations courantes des personnes prenants la parole dans les médias :
Une part importante de la communauté sceptique vit désormais sur les réseaux sociaux. Les incitations y sont proches de celles des médias, en particulier pour les personnes ayant un nombre important d’abonné.e.s. Il y en a quelques unes en plus, valables quelque soit le nombre d’abonné.e.s :
Pour finir, j’aimerais aborder quelques incitations courantes chez les sceptiques eux-mêmes. Car les sceptiques ne vivent pas dans un vide social, nous sommes des humains comme les autres et les cadres d’analyse qui s’appliquent aux autres s’appliquent à nous aussi. Voici quelques exemples :
Il reste un groupe à mon sens important que je n’ai pas abordé dans cette liste d’incitations courantes : les militant.e.s. J’ai souvent constaté des dérives dans les argumentaires sceptiques dès lors que la question du militantisme émerge. Pour cette raison, je veux aborder dans un article dédié ce que les incitations nous disent de ce que nous devons faire des arguments utilisés par les militants. Je publierai cet article la semaine prochaine – et il conclura ce cycle sur les incitations. Si ça n’est pas déjà fait, ne le manquez pas en vous abonnant !
Et c’est ainsi que nous arrivons au terme de ce guide. N’hésitez pas à le partager régulièrement et massivement dans vos réseaux sceptiques – et même ailleurs ! Je suis convaincu que les incitations sont un outil qui peut encore renforcer l’efficacité de la boîte à outils sceptique, et vos partages aideront à faire connaître cet outil dans la communauté. À jeudi prochain pour le dernier volet du cycle sur les incitations !
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